mardi 19 août 2008

Doré à souhait à Mallemort – l’épilogue

La cinquième nage

La nuit, je rêve…

…107.7 FM… ralentissements à Orange… circulation en accordéon entre Valence et Lyon… cinq kilomètres de bouchon avant le péage de Vienne… itinéraire bis via Bourg-en-Bresse… accident impliquant deux poids lourds à Mâcon Sud… trafic réduit à une seule bande à hauteur de Dijon…

Finalement, rien à signaler. Si ce n’est cette Radio Trafic Info qui commence à me taper sur le haricot. Mille bornes avec un enfant de 11 mois sur la banquette arrière, c’est 10h38 de route et quelques arrêts réguliers pour s’étirer les jambes, boire un café-vanille et avaler un babybel. Dans un contexte pareil, il vaut mieux avoir quelques CD de réserve pour mettre un peu d’ambiance dans mon break allemand. Pour la route des vacances comme pour celle du retour, il n’y a que les grands classiques qui fassent l’affaire. Forcément, il faut pouvoir chanter tous ensemble pour se tenir éveillés. Alors on mise sur les meilleurs chevals :

Georges Brassens

Brassens, peu importe lequel. Le Vieux Léon, La Cane de Jeanne, La Guerre de 14-18, Les Funérailles d’Antan, etc. Tout ce qui se chante. Même si on ne comprend pas toujours ce que racontait le tonton, ça reste le plus efficace sur la route. Les touristes hollandais nous jettent des regards venimeux au premier péage en nous voyant reprendre en chœur « Les belles pom-pom-pom pom-pom-pom-pes funèèèèè-bres… » C’est ça la route du retour.



Nancy Sinatra et Lee Hazlewood

Un Greatest Hits de derrière les fagots. Summer Wine, Ladybird et, surtout, Some Velvet Morning. “Un peu kitsch, non?” me fait remarquer madame. “Tu veux que je te laisse ici sur la bande d’arrêt d’urgence? » Des duos comme ça, on n’en fait plus, ma p’tite dame. A ma droite la voix de chevrette ingénue de Nancy (j’ai dit CHEvrette INGEnue, espèce de cochon). A ma gauche, Lee qui ronronne comme un moteur diesel de vieux tracteur. « I’ve been down so long it looks like up to me… »

[A regarder absolument: quand Lee & Nancy inventèrent le "clip à karaoké"]

Duran Duran

On arrive presque à Metz et je commence à trouver le temps long. « Loulou, sors l’artillerie lourde. J’ai caché un best of maison de Duran Duran dans la boîte à gants. » Qui a dit que Duran Duran était ringard ? C’est vieillot (oserais-je « vintage » ?), mais aucunement ringard. Regardez les groupes de l’époque : Megadeth était ringard, Scorpions était ringard, Les Forbans étaient ringards. Duran Duran était pop. Et c’est vrai que la délicatesse n’était sans doute pas la première qualité de la pop des années 80. Pourtant, en matière de chansons pop eighties, à part Let’s Dance évidemment, je connais peu de recettes aussi efficaces que celles de la bande à Simon Le Bon. Oooh, certes, il y a aussi du déchet. Mais quand on peut placer sur un best of The Reflex, Notorious, Hungry Like The Wolf, A View To A Kill et Ordinary World, ça force le respect.

Mais quels sont les ingrédients du succès de Duran Duran ?

Primo, la force du refrain.
Le refrain de The Reflex, on a l’impression de l’entendre systématiquement quand on se glisse sous la douche. Impossible de ne pas le fredonner. Attention toutefois, un accident est si vite arrivé. Prends donc garde à bien couper l’eau avant de chanter dans le pommeau de douche, au risque de t’inonder les poumons. Idem pour les chorégraphies improvisées dans la salle de bains : les savonnettes ont souvent tendance à se réfugier sous les pieds du danseur amateur. Si on le passe dans la voiture, les effets varient sensiblement. Difficile en effet de chanter dans un levier de vitesse ou un frein à main sans mettre en danger la vie des autres usagers. Ici, on se contentera d’un play-back à l’ancienne en battant le rythme sur le volant.



Secundo, Duran Duran donne une pêche d’enfer en toutes circonstances.
Allez, tous ensemble : "Dance Into The Fire…" A retenir pour mes funérailles, ça dégrisera l’assistance. D’ailleurs, quand on y réfléchit, comment est-il possible qu’aucun titre de Duran Duran n’ait jamais figuré au générique d'un Rocky ? Quand j’entends Hungry Like The Wolf, j’imagine tout de suite l’Etalon italien attaquant une série de cent abdos dans une grange, courant sous la neige avec un stère de bois sur le dos, faisant des tractions dans le bus et collant des buses à un bolchévique.

Tertio, la facilité à adapter les paroles pour une version en yaourt.
Etant donné que ça coule tout seul, on peut raconter ce qu’on veut. Pas besoin de connaître les textes. On peut même les adapter en français :

Non je ne pleurerai pas pour hieeeeeeeeer
C’est un monde ordinèèèèèèèèèèèèèèèèèère
Nananère Ressers-moi une bièèèèèèèèèèèèèèère

Bref, toutes ces digressions pour dire que, sur la route du retour des vacances, le tiercé gagnant c’est Brassens, Nancy & Lee, Duran Duran.

Mais voilà la sortie 19 qui s’approche. Il est donc temps de faire le bilan : que retenir de ces vacances 2008 ?

Ma fille a eu sa première dent et j’ai enfin réussi à inventer une nouvelle nage.

[Si, à ce stade, tu trouves la lecture de ce billet déjà assez pénible, je te conseille de passer ton chemin, parce que ça ne va pas s'arranger. Les autres, je vous aurai prévenus...]

Depuis que je suis tout petit, je me creuse la tête : il existe des centaines de milliers de danses mais seulement quatre nages (le crawl, la brasse, le papillon et le dos crawlé). Pourquoi si peu d’imagination dans les bassins de natation ? Depuis que je suis en âge de nager, j’essaie donc d’inventer une nouvelle nage en tentant des combinaisons inédites de mouvements. Je passe sur tous mes échecs, chaque invention se terminant par la nage de la brique ou de l’Erika selon nos références culturelles.

[Frustration du créatif qui bute sur la page blanche.]

Mais cette année, je suis enfin parvenu à isoler les bons mouvements, à les combiner sous une forme innovante et à traverser une longueur de bassin sans que David Hasselhof doive me repêcher. Cette nouvelle nage s’appelle le « dos brassé pédalé ».

[Démonstration]

Il s’agit de prendre position sur le dos (position de la planche). Les mains effectuent un mouvement de brasse à l’envers, c’est-à-dire qu’elles partent d’une position en flèche à hauteur du nombril pour s’écarter, revers vers l’extérieur, à hauteur des épaules et ainsi de suite, le tout en conservant la position sur le dos. J’avais déjà tenté ce mouvement auparavant, mais je n’avais jamais réussi à empêcher mes jambes de couler. La solution m’est venue en regardant le tour de France : toute l’astuce pour conserver l’équilibre dans cette position consiste à pédaler avec les jambes, comme sur un pédalo. On avance alors lentement sur le dos, les pieds en premier, ce qui est la spécificité du dos brassé pédalé. Toutes les autres nages s’appuient en effet que le postulat que les bras et la tête ont la priorité. En niant cette hypothèse de départ, j’ai inventé la cinquième nage.

Il suffisait d’y penser, je l’ai fait. C’est pour ça que j’ai mal à la tête.

Fin du supplice et félicitations si tu as tenu jusqu'au bout.

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