jeudi 10 juillet 2008

Tu Fawning - Secession

Service clientèle

Commençons par une réflexion moralisatrice, une fois n'est pas coutume. A l'heure où Pascal Nègre se gratte le crâne dégarni en se demandant comment écouler ses stocks d'Emma Daumas et accuse l'oeil vengeur ces voyous du téléchargement, des labels au chiffre d'affaire affichant beaucoup moins de zéros n'ont jamais dû se poser la question.

Parce que, quelque part, il y a des nanas et des mecs qui ont compris qu'au XXIe siècle, on a beau vendre ses CD par internet, "l'humain" reste un facteur qui compte. Dans cette catégorie, Polyvinyl excelle. Systématiquement, quand je commande quelque chose chez eux, j'ai droit dans l'enveloppe à ce petit extra qui donne envie de continuer à leur acheter des CD par bateaux entiers. Un jour, ce sont des autocollants marrants ; un autre, c'est un CD sampler glissé en bonus. Si en plus, la musique est bonne, c'est carrément le pied. Et avec le dollar au plus bas, ça ne coûte pratiquement plus rien...

Samedi, je t'annonçais donc que le premier EP de Tu Fawning serait disponible à partir du 8 juillet. J'en profitais pour sortir la carte de crédit et y aller de ma commande.

Ce matin, soit le 10 juillet, le facteur déposait déjà le colis dans la boîte aux lettres. Deux jours pour arriver de Chicago, c'est du jamais vu ! Cette fois, deux surprises dans l'enveloppe : un carte contenant un code pin pour télécharger gratuitement une vingtaine de titres de leur catalogue (sympa, plein de choses que je ne connaissais pas en plus) et... une barre de pâte de fruit à la pomme. Alors ça, je ne m'y attendais pas.

Pour une fois, je vais critiquer : la pâte de fruit était dégueulasse. Par contre, l'EP de Tu Fawning est un régal. Six chansons mélancoliques, où s'entrecroisent les voix de Corrina Repp (qui rappelle parfois celle d'Alela Diane) et Joe Haege. Les deux univers (Corrina Repp et 31knots, pour ceux qui ne l'ont pas encore compris) se marient pour le meilleur et rien d'autre. Une guitare, des samples, un piano et je suis aux anges. Quand le projet n'était encore qu'à ses balbutiements, Joe le présentait comme "Portishead meets Edith Piaf". Tout y est. Sauf la tronche d'Alain Delon remettant le César à "la môme Marion".

Sur les 6 chansons, Out Like Bats et I'm Gone survolent, surclassent, surprennent, surnagent, c'est sûr. Mais les autres ne sont pas en reste. J'ai d'ailleurs toujours un peu de mal à me remettre du piano entêtant de In Silence, We Reached The Palisades.

[séquence "je m'écoute parler" sponsorisée par Abraham Simpson]:

Un jour, j'ai envoyé un mail à Joe pour lui demander s'il trouvait encore le temps de dormir entre ses deux sorties annuelles de 31knots et son nouveau projet. Sa réponse : "Je dors même beaucoup trop. Si j'avais un peu plus de temps et d'argent, je pourrais enfin me consacrer un peu à mon autre projet solo au piano." Après de longues recherches sur le net, j'ai trouvé le nom de ce projet : A Very Dead Horse, dont certains concerts explosifs ont attiré l'attention de quelque chroniqueur d'un canard local de Portland, Oregon.

A mon avis, certaines de ces compos de A Very Dead Horse ont dû influencer fortement les deux derniers morceaux de ce premier EP de Tu Fawning. La tension y est à son comble et pourtant, ça reste d'une beauté époustouflante, interpelante.

Je l'ai attendu longtemps cet album. Finalement, ce n'est qu'un EP. Comme je l'ai souvent dit (si, si, souviens-toi): mieux vaut un bon EP qu'un mauvais album. Mais ici, c'est vraiment du tout, tout bon. Du condensé de talent. Des putain de chansons.

Et pourtant, il n'y a pratiquement aucune chance pour que ce disque perce ailleurs que sur quelques blogs un peu bavards comme celui-ci. Malgré le sampler offert. Et malgré la pâte de fruit à la pomme.

Quelle drôle d'époque, mes enfants.

Salaud de Pascal Nègre.

Les liens :
www.polyvinylrecords.com
www.myspace.com/tufawning
Se foutre de la gueule de Pascal Nègre ici.

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